18 pages Notre désir est sans remède X
Notre désir est sans remède
- Mathieu LARNAUDIE
- Actes Sud
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Auteur
Résumé
Elevée dans le culte de la gloire cinématographique par une mère qui découpait les portraits de stars sur papier glacé, Frances Farmer est née juste avant la Grande Guerre dans une ville de chercheurs d'or. Quand elle est apparue dans des productions de la Paramount ou de la MGM, à la fin des années 1930, on a d'abord retenu d'elle sa blondeur, ses pommettes hautes, son menton dédaigneux. Elle s'est ensuite illustrée par quelques provocations et plusieurs interpellations, devenant la bad girl de Hollywood. On l'a dite féministe, communiste, anarchiste, athée, amoureuse, on la trouvait belle et bonne actrice, puis elle a passé les bornes, on l'a déclarée folle et les dispositions nécessaires ont été prises. Elle débordait le cadre qui lui était imparti, excédait sa propre image dessinée par le succès et le public. Construit au fil de sept séquences comme autant de tableaux dramaturgiques, le roman de Mathieu Larnaudie anime - au sens étymologique - une personne dont seule la chair aura été prise en considération : convoitée, filmée, éclairée, admirée ; puis humiliée, contrainte, martyrisée, souillée. Thaumaturge autant qu'ogre, le cinéma sublime et broie les corps quand le roman épouse la complexité intime de l'être pour en révéler les facettes. Il sera question ici du rêve américain, du bonheur auquel chaque citoyen a le droit constitutionnel d'aspirer et qui, d'idéal collectif, devient ambition personnelle au fur et à mesure que se déroule le XXe siècle. On sait depuis Les Effondrés et Acharnement que Mathieu Larnaudie attaque (comme on le dirait d'un acide) le réel par la fiction pour donner à penser le contemporain politique, mais sa plume précise et volontiers ironique se pare ici d'une tonalité bienveillante, empathique, qui teinte de sensualité une réflexion engagée sur l'image et l'individu. De la lumière à l'ombre, de Hollywood à la claustration puis à une forme plus insidieuse d'exposition, Notre désir est sans remède insinue que la célébrité est peut-être la manière la plus irrémédiable d'échapper à soi-même, ou de se perdre.